• Lettres d'Elise

    Bonjour tout le monde,

    Il y a quelques temps, j'ai retrouvé des écrits très édifiants sur ce que l'on pouvait vivre au quotidien pendant les années 40.

    Ces cartes ont été écrites par ma mère et ma grand-mère et je les trouve très "touchantes"

    je les avais déjà publiées il y a environ un an...Certains s'en souviennent peut-être.

    Belle journée à toutes et à tous

    Lettres d'Elise

    Lettres d’Elise

        Je suis comme une petite fille qui vient d’ouvrir un vieux coffre de bois dans le grenier de ses grands-parents et qui découvre toute une vie passée remplie de secrets et de mystères.

    C’est en effet en triant de vieilles cartes postales que je suis tombée sur de très belles images représentant des petits chats habillés illustrant des chansons enfantines. Il y a le Père Lustucru à la fenêtre de la Mère Michel, une bergère sous la pluie, une boulangère et ses écus, un meunier qui dort et d’autres encore. Je reste de longues minutes à observer ces dessins venus d’un autre temps et cela me rappelle mes jeunes années, lorsque l’on apprenait ces chants : « Dansons la capucine

    Y’a pas de pain chez nous

    Y’en a chez la voisine,

    Mais ce n’est pas pour nous !

    Lettres d'Elise

    Rêveuse, je retourne les cartes, et je reconnais immédiatement l’écriture de ma mère. Elles sont effectivement signées de son prénom « Elise » ou de son surnom que je ne connaissais même pas « Lili ». Je m’aperçois alors que j’ignorais trop de choses la concernant. Je me dis encore une fois que j’avais encore bien des questions à lui poser sur sa jeunesse...un peu de nostalgie vite remplacée par la curiosité. Qu’écrivait-elle sur ces cartes qu’elle envoyait à sa jeune sœur (en sécurité dans un coin perdu de campagne)

    Bien installée dans le fond d’un fauteuil, je commence ma lecture...et je plonge direct dans les années 40, des années de guerre et comme dans le journal d’Anne Franck, je suis immédiatement propulsée dans  une atmosphère bien différente de celle que j’imaginais lorsqu’on me racontait des épisodes de cette époque... Ces mots alignés sortent du cœur, ils sont écrits dans l’instant présent et on y perçoit des émotions vraies, des anecdotes qui semblent parfois « bénignes » pour l’auteur et pourtant tellement graves, des images si vivantes !!!

    En voici quelques passages :

    Reçue le 2 juin (44)   

    Chère petite sœur

    ...Cette nuit, nous avons eu « bombardement », rassure-toi, cela n’a pas été grand ’chose ? Nous avons eu un peu peur car les bombes ne sont pas tombées très loin de chez nous, mais elles n’ont pas éclaté. Elles sont tombées avenue Branchoire, avenue de la Durantière, avenue du Petit Breton, et puis en ville et dans les environs de la gare. L’église Ste Jeanne d’Arc a quelques vitraux de cassés et des carreaux au-dessus de l’autel. Dans notre paroisse, il n’y a  pas de morts, mais 4 blessés pas graves heureusement....

    Ma chère petite sœur

    ...je t’envoie une chanson à la mode. Le buffet est ouvert et il n’y a rien dedans comme chez beaucoup de gens malheureusement. Figure-toi que papa va être obligé de boulanger à bras maintenant. Il a reçu une feuille lui marquant qu’il fallait qu’il arrange son pétrin car d’ici peu, il n’y aurait pas d’électricité. Les gens pourront et nous-mêmes chanter « dansons la capucine »....

    Lettres d'Elise

    Jeudi 8 juin 1944             Ma chère petite sœur

    ...Entre la carte de Maman et la mienne, il s’est passé des événements. Hier soir, nous avons eu une alerte de 3h, de 7h à 10h. Pendant deux heures, les avions ont passé et bombardé les gares. Il n’y a pas eu de dégâts en ville, juste sur la gare d’Orléans, le Grand Blottereau, Le pont de la Vendée. Ils ont très bien travaillé, nous avons compté 28 vagues de 12, mais nous ne les avons peut-être pas tous vus, ça faisait un drôle d’effet pendant que les bombes tombaient mais nous n’avons pas trop peur puisque ce n’était pas au-dessus de nous. Puisque les événements vont bien, je pourrai donc aller te chercher bientôt. En ce moment il y a une queue formidable dans le magasin. Les cerises de grand-mère ne murissent qu’au mois de juillet….

    14août   …j’avais tellement oublié de choses ce matin que je suis obligée de vous réécrire…Tu sais le gros bonhomme qui était un jour dans le tram avec un boche, celui qui était chez J  et que tu n’aimais pas, et bien il a été arrêté ce matin….Jean (frère) est en caserne en ce moment avec tous les gars du maquis, le fils G en fait partie, lui aussi. Il y en a beaucoup du quartier…Les gens sont plus que tout fous aujourd’hui, ils disaient que Papa avait été arrêté par les maquisards. Tu te rends compte alors qu’on les… (La suite sur une carte que je n’ai pas retrouvée !)

    Et voici des passages d’une autre carte, écrite par ma grand-mère, boulangère, qui parle des difficultés de ravitaillement.

    Chère petite Madeleine

    Aujourd’hui 7 juin....les événements se précipitent...continue de bien prier pour la France et pour que les familles se retrouvent réunies bientôt…

    Nous venons de recevoir 15 sacs de farine. Nous pourrons travailler 3 jours et après...espérons en recevoir d’autres ! Jusqu’à la récolte cela va être la misère. Et espérons avoir de bons pains fendus et des flûtes comme sur la carte, et que tout le monde puisse en avoir autant qu’il en a besoin. Je ne pourrai pas t’envoyer de colis, chère mignonne, le facteur nous a dit que c’était interdit jusqu’à nouvel ordre....

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