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Bellgridine
Bonjour tout le monde,
Jimmy a encore fait des siennes!
Voilà qu'il pense qu'une "méchante" sorcière peut devenir "sympathique"...Je commence à le connaître maintenant.... c'est un grand rêveur !!!
Enfin bon !!! Voyons voyons... comment il s'y prend !!
Belle journée ...avec ou sans soleil !!
BELLGRIDINE
Il était une fois une vieille sorcière très laide qui habitait dans une petite chaumière délabrée, au beau milieu de sombres marécages nauséeux, bien à l'écart d'une luxuriante prairie au milieu de laquelle se trouvait un joli petit village elfique.
Cette sorcière s'appelait Bellgridine.
Elle était méchante.
Au village on l'appelait la méchante Bellgridine.
Bellgridine passait ses journées à concocter des élixirs qu'elle disposait à la tombée de la nuit un peu partout dans la forêt dans l'espoir qu'un animal, ou bien un elfe, ou bien encore un humain, en ramasse un, car ces breuvages dégageaient un parfum si envoûtant qu'il était impossible de résister à l'envie de les boire et se retrouver en prise à un sort des plus maléfiques.
Lorsqu'elle avait terminé sa tournée, Bellgridine s'asseyait devant son miroir magique afin d'échanger quelques mots, car elle se sentait bien seule. Comme il est dit un peu plus haut, Bellgridine était méchante, on l'appelait la méchante Bellgridine, alors elle n'avait aucun ami.
— Miroir, mon bon miroir! Dis-moi qui est la plus laide!
— Incontestablement toi, méchante Bellgridine! Dans le monde entier il n'y a pas plus laide.
— Merci au grand merci mon bon miroir! Je me sens si flattée...
Mais un beau soir le miroir en eut marre. Quand Bellgridine s'adressa à lui, il resta muet.
— Miroir, mon bon miroir! Dis-moi qui est la plus laide!
— ...
— Miroir, mon bon miroir! Dis-moi qui est la plus laide!
— ...
— Eh, oh! Miroir ! Tu deviens sourd? Dis-moi qui est la plus laide! C’est moi, dis? C’est bien moi?
— ...
— Chiabrena! Tu vas me répondre, satané miroir de mes fesses ridées! ou je te brise en mille morceaux!
— Désolé, finit par rétorquer le miroir magique, mais je ne veux plus discuter avec toi. Tu es vraiment devenue trop méchante.
— Ah! C'est donc ça! tu ne veux plus me parler parce que je suis méchante! Qu'à cela ne tienne, dis-moi comment devenir moins méchante. Tu es magique, tu connais plein de secrets, tu dois bien savoir comment une vieille sorcière très laide comme moi peut faire pour devenir moins méchante.
— Elle ne peut pas.
— Comment ça: "elle ne peut pas"? Et pourquoi donc?
— Si tu es méchante c'est justement parce que tu es vieille et que tu es laide.
— Alors si je devenais jeune et belle, je pourrais devenir gentille?
— Oui, c'est exact, méchante Bellgridine.
— Alors dans ce cas, donne-moi la recette d'un élixir qui me fera devenir jeune et belle, allez, hop !
— Il en existe bien un...
— A la bonne heure! Eh bien voilà! Allez, allez, vite! donne-moi cette recette, mon bon miroir.
— Bien! Bien! Allons-y! D'abord il te faut de la gentiane...
— Très bien, j'en ai!
Bellgridine se précipita vers le placard et en sortit une grosse poignée de gentiane.
— Voilà! j'ai la gentiane! Que faut-il d'autre, mon bon miroir?
— Il te faut de la poudre de salpetron.
— J'ai ça également! et encore, que faut-il d'autre?
— C'est tout! Plonge ces deux ingrédients dans ta marmite pleine d'eau et fais les bouillir sur bois de rouftideau.
Bellgridine resta figée, interloquée, pantoise quelques instants, avec dans une main sa gentiane et dans l'autre sa poudre de salpetron, puis elle reprit ses esprits:
— M..mais, je... je n'ai pas de bois de rouftideau. Où vais-je trouver du bois de rouftideau?
— Le menuisier du village des elfes doit en avoir. Tu n'as qu'à aller lui en demander un peu.
Au petit matin, Bellgridine se leva de bonne heure afin de se rendre au village des elfes. La forêt qui séparait sa masure du village était très dense et il n'y avait pas de sentier, mais ça n'était pas un obstacle pour elle car avec son balai elle pouvait survoler les arbres. Néanmoins le chemin était très long, et quand elle rentra chez elle il était déjà tard dans la nuit. Elle s'adressa directement au miroir magique:
— Miroir, mon bon miroir, c'est une catastrophe! Je n'ai pas pu obtenir de bois de rouftideau.
— Ah, bon? Pourtant le menuisier du village des elfes en a, j'en suis bien sûr.
— Oui, il en a, mais il n'a pas voulu m'en donner. Il a dit que j'étais méchante et qu'il ne donnerait pour rien au monde du bois de rouftideau à une vieille sorcière méchante comme moi.
— Et tu n'as pas insisté?
— Sacrebleu! Non! Je l'ai transformé en crapaud et je suis partie.
— Décidément, tu deviens de plus en plus méchante! se plaignit le miroir. Il devient urgent et indispensable de remédier à cela. Voyons, voyons... du bois de rouftideau... Je sais! Le jardinier du village des elfes en possède une bonne quantité...
— Ce rat?
— Allons, allons, ce n'est pas un rat, il...
— Si! Si! C'est un rat, depuis qu'il s'est aventuré dans la forêt pour essayer de me voler ma tourbe.
— Alors dans ce cas, tant pis! Je ne peux plus rien pour toi! Adieu méchante Bellgridine.
— Je le savais, coquefredouille! Je resterai à jamais une vieille méchante sorcière, je n'aurai jamais d'amis! et puis de toutes façons, mordiable! Je n'en ai point besoin!
— A moins que...
— A moins que?
— A moins que... oui, bien sûr! La chaise sur laquelle tu es assise: c'est du bois de boutou. Ça devrait faire tout pareil. Ce sera un peu plus long à cuire, voilà tout.
— Jarnicoton! C'est maintenant que tu me dis ça, coquebert!
Bellgridine se précipita sur sa marmite, la remplit au trois quarts d'eau, y plongea toute sa réserve de gentiane et de salpetron et avec force de sa rage, réduisit sa chaise en tout petits morceaux afin de faire chauffer sa mixture. Le bois de boutou est très long à consumer, aussi il fallut attendre sept jours et sept nuits avant que le processus aboutisse. Au bout du compte il restait juste au fond du grand récipient de quoi remplir une petite fiole; mais point besoin de transvaser, Bellgridine se servit à même la marmite, lèchant jusqu'à la dernière goutte.
Et la magie opéra.
En un clin d'œil, Bellgridine fut transformée en une toute jeune fée d'une beauté inégalée. Elle ne s'en rendit pas compte tout de suite et quand elle revint en face de son miroir magique, la première chose qu'elle ressentit fut le regret de devoir le consulter debout, puisqu'elle n'avait plus de chaise, mais ensuite elle prit conscience que ce n'était pas bien grave car elle n'était pas du tout fatiguée... enfin, elle vit son reflet, et une immense joie l'envahit!
Bellgridine était devenue jeune et jolie, et cette métamorphose la rendit gentille, très gentille; tellement gentille que la première chose qu'elle fit fut de ratisser toute la forêt à la recherche de ses élixirs diaboliques afin de les détruire tous, sans exception. En chemin elle rencontra le jardinier des elfes à qui elle s'empressa de redonner sa forme originelle.
Une fois sa tâche accomplie, il ne lui fallut que quelques secondes, grâce à ses ailes de fée super puissantes, pour se rendre au village des elfes et réparer tous les sortilèges qu'elle avait fait subir à ses habitants. De surcroît elle les combla de bénédictions et de bienfaits.
Sensibles à tous ces changements, les elfes, qui ne sont pas rancuniers, la prirent en amitié. Ils ne l'appelèrent plus la méchante Bellgridine, mais Bellgridine la bien aimée. Le jardinier prouva qu'il n'était décidément pas un rat en transformant les sombres marécages qui entouraient la chaumière de Bellgridine la bien aimée en un somptueux jardin romantique; quant au menuisier, heureux d'avoir recouvré sa forme initiale, et se sentant un peu coupable de n'avoir point daigné donner quelques morceaux de bois à une pauvre vieille méchante sorcière en détresse, il entreprit de transformer la vieille masure délabrée en un merveilleux palais.
Depuis, la jolie fée Bellgridine coule des jours heureux dans sa magnifique demeure. Lorsqu'elle ne se promène pas dans la forêt pour porter secours aux animaux en détresse, elle rend visite à ses nouveaux amis du village des elfes. Le soir elle fait un brin de causette avec son miroir et elle attend patiemment qu'un beau prince charmant, ou une princesse, vienne lui déclarer sa flamme.
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