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Tante Guite
Bonjour tout le monde,
Insolite : hasard, coup de bol
Nouvelle anecdote dans laquelle le hasard (toujours lui) nous guide...
Bonne fin de semaine à tous
Tante Guite
Je n’ai jamais eu la mémoire des dates, aussi je ne pourrais pas dire avec exactitude quelles étaient les années durant lesquelles nous passions quelques jours de vacances en Dordogne durant l’été. Je pourrais bien sûr faire des recherches, mais qu’importe, mes souvenirs des bons moments passés sont assez précis pour me passer des dates.
Cette année-là nous avions décidé de prendre quelques jours en Dordogne… loin de la mer, certes, mais il y avait tant de choses à découvrir que tout naturellement nous avions recherché un terrain de camping avec piscine.
Sur place, ce terrain était au-delà de nos espérances, ombragé à souhait avec une piscine immense où l’on pouvait se rendre matin et soir après les visites (grottes, châteaux, villages médiévaux…) et les activités (canoé, équitation…)
Bien sûr, pas d’internet à l’époque et la destination, Beaumont du Périgord, n’était pas choisie au hasard ou d’après les catalogues présentés sur la toile. Non, cette idée nous était venue parce que nous savions que la sœur de mon grand-père, disparu quelque temps auparavant, habitait là. Nous ne la connaissions pas mais elle était le seul lien qui me restait avec la famille de mon père. J’avais très envie de faire la connaissance de cette tante Guite (Marguerite de son vrai prénom) dont on nous avait tant parlé, et de lui présenter mes enfants…et c’est elle, je crois, qui nous avait conseillé ce terrain, à cinq minutes de sa maison.
Nous allions lui rendre visite chaque soir après nos escapades et lui racontions notre journée. Quelle était douce et accueillante ! Elle nous emmenait au sous-sol pour choisir des jus de fruits que nous sirotions ensemble pendant qu’elle nous parlait de sa région et des anecdotes relatives à la famille ! Elle était si captivante que ce moment de la journée était devenu un « rituel » auquel nous ne dérogions jamais. Les enfants l’adoraient. L’une de mes filles m’avait même dit un jour qu’elle aurait aimé l’avoir comme grand-mère. Surprise, je lui avais répondu qu’elle en avait déjà une, ce à quoi elle avait répliqué :
- Oh, non ! Celle-là est trop jeune ! C’est une vieille grand-mère comme elle que j’aimerais avoir.
C’est vrai que l’on ne pouvait que l’aimer cette tante, et que j’étais moi aussi bien heureuse d’avoir enfin fait sa connaissance. D’ailleurs, pour la revoir et aussi pour cette région magnifique dans laquelle on se sent si bien, nous avions décidé d’y retourner l’année suivante, puis la suivante…
La dernière fois a été la plus étrange ! Nous passions le mois de juillet avec mon frère (instit comme nous) et ses filles sur ce terrain qui nous convenait parfaitement. Nous avions également sympathisé avec les propriétaires, des gens charmants. Pour occuper les enfants, les deux « papas » organisaient des tas d’activités pour lesquelles ils invitaient les autres campeurs, ravis de participer à une course en sacs, un tournoi de foot, des olympiades ou une sortie.
En constatant le succès remporté par ces activités et sachant que nous avions deux mois de vacances (quels veinards !), le propriétaire du camping nous a demandé d’animer le mois d’août également. En contrepartie, il nous offrait notre place sur le terrain. Une chance inouïe qui n’était pas pour nous déplaire évidemment. Les enfants étaient ravis !
Et moi donc, je pouvais encore aller discuter et écouter cette tante que j’aimais tant et qui pourtant me semblait bien fatiguée cette année-là. Lorsque j’arrivais, il y avait souvent une infirmière qui, elle, sortait après lui avoir prodigué des soins. Un soir, elle était allongée sur son lit et me dit carrément, avec le plus grand calme et en me regardant droit dans les yeux :
- Tu sauras à présent ce que c’est qu’une fin de vie !
Je ne me souviens plus de ce que je lui ai répondu tant cette phrase m’a bouleversée. Elle semblait si sereine et résignée !
Effectivement le jour suivant, peu de temps avant notre départ, c’est elle qui nous a quittés. Ce séjour prolongé (par hasard) nous avait permis de l’accompagner pour ces derniers instants….
Avec le temps, je me suis dit que le hasard fait bien les choses quand même. Etrange que le propriétaire du camping nous demande de rester un mois de plus ! (Une première, dirais-je) et que cette tante parte juste à ce moment-là, comme s’il avait été écrit que nous serions là auprès d’elle pour lui dire adieu.
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