• Coucou les petits loulous,

    Vous avez, je suppose, décoré votre sapin ...Qu'il soit grand ou petit, c'est près de lui que vous découvrirez bientôt les cadeaux du Père-Noël...

    Voici, pour les plus jeunes d'entre vous, l'histoire d'un sapin tout minuscule que personne ne voulait installer près de la cheminée...

    Belle journée et

    Bizatoussssssssss

     

    un sapin minuscule

     

    Un minuscule sapin

     

    Dans la forêt, les bucherons sont allés sélectionner, couper et déraciner les plus beaux des sapins afin que dans chaque maison les yeux des enfants soient remplis d’étincelles.

     Ils sont à présent installés sur la place du village, sur le marché, et les habitants viennent à tour de rôle en choisir un. Parmi eux, un minuscule sapin est complètement caché par les autres. Il est si petit que personne ne le remarque, ou alors juste pour se moquer de sa petite taille. On entend alors des exclamations très injustes et pas gentilles du tout :

    -         - Oh ! mais il est vraiment trop petiot celui-là !

    -        -   il est même franchement ridicule !

    -        -  Jamais personne ne l’installera dans sa maison, il est trop vilain !...

    Évidemment, le petit sapin est très triste, très malheureux...il aurait bien voulu grandir lui aussi, mais il n’en a pas eu le temps... et puis, ce n’est quand même pas de sa faute s’il est si chétif !!

       La journée se passe lentement, tous les grands sapins ont été achetés et emportés dans les chaumières. A présent, ils sont magnifiquement ornés de guirlandes, boules et étoiles, et rayonner près des cheminées. Les enfants ont déjà  installé leurs petits souliers sous leurs branches pour y accueillir les cadeaux du Père-Noël.

    Le petit sapin en voit justement un qui resplendit dans le salon de la maison située juste face à lui, de l’autre côté de la rue. Des enfants jouent et chantent près de lui.

        Seul, abandonné au milieu de la place, dans le froid de la nuit qui tombe doucement, il se met à pleurer et ses larmes inondent ses racines. L’incroyable se produit alors : il se met à pousser, grandir jusqu’à atteindre une taille plus que raisonnable. Sans se vanter, il se trouve même plus beau que tous ceux qui l’ont accompagné dans la journée. Ses longues branches chargées d’épines d’un vert éclatant s’élancent vers le ciel, attirant une grande partie des animaux de la forêt voisine.

    Les oiseaux, qui n’ont plus d’arbres pour s’abriter viennent y trouver refuge et se réchauffer dans un nid formé d’aiguilles fraiches. Ils sont si heureux qu’ils se mettent à chanter gaiement. Des écureuils roux se sont également précipités pour accrocher les pommes de pin  les noix et les noisettes qu’ils sont allés rechercher dans leur réserve....et bien sûr, les araignées, chassées des maisons à coup de balai, se retrouvent ici pour tisser de longues toiles qu’elles enroulent tout autour de l’arbre. Ces fins tissages se recouvrent aussitôt de givre qui les transforme instantanément en longs fils argentés et brillants.

    Pour couronner le tout, la neige se met à tournoyer dans le ciel, laissant ses doux flocons recouvrir les branches, les pommes de pin et les fruits secs d’une fine couche de coton blanc...

      Au petit matin, les habitants découvrent au milieu de la place, un magnifique sapin recouvert de boules blanches et de fils d’argent. Émerveillés, ils l’entendent également chanter une étonnante mélodie.

    Jamais ils n’avaient rien vu ni entendu de si beau ...

    Comme il est fier et heureux « le petit sapin » !

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  • Coucou les petits loulous,

    Le Père-Noël n'a pas reçu vos lettres ! Zut alors....est-ce que ça veut dire qu'il n'y aura pas de cadeaux à Noël?

    Oh là là là là  !!! C'est sans compter sur les lutins !!!

    Belle journée et

    Bizatousssssssss

    Pas d'cadeaux à Noël ? ?

    Pas de lettres pour le Père-Noël

     

    Oh là la la la ! Quelle histoire!

    Depuis ce matin, le Père-Noël tourne en rond dans son atelier au Pôle Nord !! Il fait les cent pas de long en large et de large en long …

    La Mère Noël s'inquiète… forcément. Elle ne l’a jamais vu aussi nerveux.

    - Mais que t’arrive-t-il aujourd'hui Père Noël? Tu me  donnes le tournis à marcher ainsi de long en large et de large en long!

    - Mais tu ne sais donc pas que les facteurs se sont mis en grève?

    - Ah oui, c'est vrai...ils ont beaucoup de travail en ce moment et j'ai entendu dire que leur équipe n'avait pas été renforcée ! Mais je ne vois pas pourquoi tu t'énerves comme ça!

    - Voyons, tu ne comprends pas que si les facteurs sont en grève, ils ne distribueront pas le courrier et qu'ainsi je ne recevrai pas les lettres des enfants! Et donc ...pas d'cadeaux à Noël!!!!

    - Oh là là là là ! Que vas-tu faire mon bon Père Noël?

    - Je ne sais pas justement ! Je cherche...Tu ne peux pas m'aider?

    - J'ai bien une suggestion à faire, mais....

    - Dis toujours...au point où nous en sommes....Il ne me reste pas beaucoup de temps pour tout préparer....et sans les lettres ....

    - Tu n’as qu’à envoyer tes lutins dans tous les bureaux de poste pour aller chercher ces fameuses lettres. Elles sont certainement stockées quelque part. Il suffit de regarder dans toutes les caisses et dans tous les sacs entreposés. Je sais, cela risque de prendre un peu de temps, mais…

    - Mais oui, bien sûr ! C’est ça la solution du problème ! Vite, les lutins ! Pas une seconde à…

    Le Père-Noël regarde à droite, à gauche…pas de lutins. Ils sont bien trop malins  et sont partis sans attendre sur leur scooter des neiges.

    Oui, mais voilà, lorsqu’ils sont arrivés dans les bureaux de poste, ils ont cherché pendant des heures et ont fouillé tous les sacs enfermés dans les grands entrepôts…et ils n’ont rien trouvé ! Pas une seule lettre ! Que s’est-il donc passé ?

    C’est simple : Quand ils ont appris que les facteurs étaient en grève, des drôles de petits farfadets farceurs sont venus récupérer les lettres des enfants....avant l'arrivée des lutins du Père-Noël...et ils les ont cachées....mais où ??? Les lutins se sont rassemblés dans la forêt pour mettre au point un plan d’action.

    Ça y est, après bien des bla-bla-bla et des idées toutes aussi farfelues les unes que les autres, Ils sont sur une piste pour retrouver les lettres des enfants...Le temps qu'ils remettent la main dessus, allons voir un peu là-haut ce qu'il se passe....

    Eh bien, notre  bon Père Noël est vraiment très anxieux...Pas de nouvelles de ses lutins partis à la recherche des lettres des enfants...Mais que font-ils donc?  Il a beau regarder sur ses écrans ...Il ne voit rien....Ils ont disparu....tout comme les lettres ! Il ne sait plus quoi faire...Il ne reste plus que  quelques  jours pour remplir son traineau...et ne sait toujours pas quels jouets préparer pour les enfants...Aie aie aie!

    Il fait les cent pas de long en large et de large en long et n'arrête pas de grignoter et de piquer dans les boites de chocolats en attendant leur retour...Et ce qui devait arriver, arriva. Il n’arrive même plus à entrer dans son costume…. Une catastrophe ! *

    Pendant ce temps les lutins vont à Fay de Bretagne pour rendre visite au magicien dont la maison illuminée enchante chaque nuit petits et grands. Ils lui racontent toute l’histoire **

    -il me reste un vœu à formuler, sourit le magicien. Eh bien, il sera pour les enfants ! Ils l’ont bien mérité ! J’ai appris qu’ils avaient été très très sages cette année. Et sans attendre le magicien demande au grand renne lumineux  d’envoyer illico-presto les lettres des enfants au Père-Noël. Les farfadets farceurs qui s’étaient réfugiés dans des grottes pour y garder leur butin n’ont rien compris. Ils ont vu les lettres s’envoler sous leurs yeux. Terrifiés, ils n’ont  plus osé sortir de leur refuge…Ils y sont toujours d’ailleurs.

    Quant aux lutins, ils ont repris leurs trottinettes …oups ! Leurs scooters des neige et ont rejoint le Père-Noël qui déjà, les attendait et s’apprêtait à partir avec son traineau.

    * Voir histoire "un bon gros Père-Noël"

    ** Voir histoire d'hier "un village magique"

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  • Coucou les petits loups,

    Vous connaissez la "maison illuminée de Fay de Bretagne"? 

    Elle est drôlement jolie, n'est-ce-pas ? Et vous savez pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu'un gentil magicien passe plusieurs mois de l'année à la décorer juste pour faire rêver les enfants et leurs parents durant la période de Noël !

    C'est en pensant à lui que j'ai écrit le petit conte que va suivre....C'est vrai qu'elle est un peu "magique" cette maison.

    Belle journée et

    Bizatousssssssssssssssss

    Le village magique

    Un village magique

    Angie est une fillette toute mignonne avec une chevelure brune ébouriffée et une bouille ronde qui lui donne un petit air espiègle. Souvent seule, elle adore jouer dans la boue et se trainer par terre…Alors évidemment, ses vêtements rapiécés de toutes parts ne sont pas toujours très propres. Un brin sauvage, elle n’est pas vraiment attirée par l’école, et la discipline n’est pas son fort. Il faut dire que sa maman n’a pas beaucoup de temps à lui consacrer. Elle  termine toujours très tard son travail dans un supermarché, et le manque d’argent ne lui permet pas toujours d’offrir à sa fille tout ce dont une enfant a besoin. Malgré tout, elles semblent heureuses toutes les deux, et Angie fait beaucoup d’efforts pour aider sa maman, préparer le repas du soir ou simplement lui offrir un bouquet de marguerites et de boutons d’or qu’elle a cueillis en revenant de l’école.

     Ce jour-là, il fait très froid et sa maman lui a mis sa plus jolie robe en lainage écru, des collants épais et ses petites bottines parce que le photographe vient à l’école. Elle a passé beaucoup de temps pour démêler ses cheveux et les tresser. Il faut qu’elle soit très jolie sur la photo.

    La petite fille s’applique toute la journée et fait très attention de ne pas tacher sa jolie tenue avec les crayons feutres ou la peinture. Elle mange proprement à la cantine...mais voilà… la nature reprend le dessus, et en sortant de l’école, Angie se met à courir à travers champs pour rejoindre la cité....et plaf ! Elle tombe dans une flaque d’eau. Courageuse, elle se relève, mais perd l’équilibre et s’étale à nouveau de tout son long ! Elle est dégoulinante, sa robe est maculée de boue et son collant tout déchiré. Elle enrage parce que cette fois-ci elle avait fait beaucoup d’efforts. Elle n’a pas peur de se faire gronder, non, non ! Mais elle ne veut pas  décevoir sa maman. Elle sait qu’après une longue journée de travail, elle sera fatiguée, un peu énervée, et donc fâchée de voir sa belle robe toute abîmée !  

    Alors, Angie retarde le moment de rentrer dans son appartement, elle traine et s’aventure plus loin que d’habitude...elle marche longtemps et s’aperçoit bientôt qu’elle s’est perdue au beau milieu de nulle part. Elle ne reconnait pas l’endroit où elle se trouve et la nuit commence à tomber.

    Elle aperçoit un petit groupe de maisons au loin, et décide d’aller frapper à une porte pour demander son chemin.

    Le village magique

    C’est alors qu’elle arrive devant une immense demeure toute illuminée. Des milliers d’étincelles bleues et blanches clignotent de toutes parts. Elles enveloppent d’un halo lumineux les arbres, les pierres et la toiture de la maison, ainsi que  le petit chalet dans lequel un homme jeune accueille les visiteurs. Elle stoppe net, les yeux écarquillés. Jamais elle n’avait rien vu de si merveilleux... Elle avance prudemment dans l’entrée, et passe sous une voûte de lumière semblable à un ciel étoilé éclatant de mille feux. Elle sait alors que cet endroit est féérique et que tout peut arriver. Une joie immense l’envahit aussitôt. Cette incroyable clarté et ce rayonnement inondent tout son être.

    Devant une telle splendeur, elle se sent soudain parfaitement bien, heureuse, et même très belle...elle constate alors que la magie opère sur elle comme dans un conte de fée. Sa robe déchirée a été remplacée par une magnifique toilette de princesse en soie bleue brodée d’étoiles argentées et elle porte sur les épaules une cape de taffetas blanc.

    Le village magique

    Toujours attirée par la lumière, elle avance d’un pas léger vers un banc tout proche d’une cascade éclatante. Elle y rencontre un majestueux renne lumineux, qui, à son approche prend immédiatement vie. Angie lui tend le biscuit qu’elle a oublié de manger à son goûter tout en caressant la tête de l’animal qui va se désaltérer dans cette source pétillante. Il accepte le gâteau et la regarde avec bienveillance :

    • Merci petite Angie, tu es quelqu’un de bien...Fais deux vœux et ils se réaliseront sur le champ

    Angie se penche et parle doucement à l’oreille du renne. Elle se retrouve aussitôt chez elle, auprès de sa maman qui lui annonce une grande nouvelle : elle vient d’obtenir un emploi passionnant qui lui permettra d’être plus souvent auprès d’elle…Elle n’en demandait pas plus…

    Quant à son deuxième vœu : elle en fait cadeau au magicien qui lui a permis de rêver le temps d’une soirée…A lui de formuler le souhait qui lui tient le plus à cœur.

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  • Coucou les petits loups ,

    Petit conte écrit l'an dernier... Quand les idées noires se transforment en "beau rêve'!!

    Bonnes vacances et

    Bizatoussssssss

    Rêve de Noël

    Rêve de Noël

     

         Comme chaque soir depuis quelques mois, Pedro sort de l’école en balançant son cartable au bout de son bras. En trainant les pieds, il longe le trottoir qui borde la grand-route, et tourne à droite, sur le chemin qui mène à la ferme des frênes blancs. C’est là qu’il vit avec ses parents et sa grande sœur Elisa. Il les aime beaucoup mais il n’est  jamais vraiment pressé de rentrer à la maison, simplement parce que tout en marchant nonchalamment, il se raconte des histoires incroyables qu’il ne vivra probablement jamais. Il rêve que ses héros préférés viennent à sa rencontre pour l’entrainer dans des aventures extraordinaires.

    Ce soir, pourtant, le cœur n’y est pas. Il est triste de constater que rien ne lui fait penser à Noël qui arrive à grandes enjambées. Depuis le confinement, le temps semble s’être arrêté. Pas de décorations dans les rues du village, pas de guirlandes lumineuses, pas de marionnettes articulées, de jouets, d’objets scintillants et de lanternes dans les vitrines des magasins.  D’ailleurs, la plupart d’entre eux ont baissé leurs lourds rideaux de fer depuis déjà bien longtemps.

    Alors, il marche lentement en shootant dans chaque caillou qui se présente sur son passage, juste pour évacuer sa mélancolie passagère. Il a un peu mal aux pieds et le cuir de ses chaussures a depuis bien longtemps laissé place à de fines ciselures, mais il s’en moque complètement...elles sont de toute façon beaucoup trop justes pour ses pieds qui ont pris une pointure depuis l’été dernier !

    Soudain, sans qu’il s’en rende vraiment compte, il frappe un peu plus fort sur le sol. La petite pierre qu’il vient de faire valdinguer, s’élève et se met à tournoyer dans les airs, virevoltant, légère comme une libellule. Pedro s’arrête et la suit du regard. Il est alors pris dans un tourbillon et se sent emporté sur un manège invisible qui tourne et tourne en s’envolant dans les airs. Il voit la pierre-papillon se transformer sous ses yeux. Elle devient oiseau, elfe, dragon, puis chevalier chevauchant un destrier blanc, une lance à la main.  Il suit malgré lui le bel étalon et se retrouve sur un immense nuage, dans un pays imaginaire. Tout autour de lui, des lutins aux sourires malicieux s’agitent sur cette vaste et blanche étendue.

    Il n’en croit pas ses yeux ! Il observe l’activité de tout ce petit monde un long moment et s’aperçoit qu’il a atterri dans l’atelier du Père Noël. Pendant que certains fabriquent des jouets, d’autres les entassent dans un très joli traineau rouge et or. D’autres encore envoient vers la terre des poignées d’étoiles scintillantes qui illuminent le ciel. Envouté par ce spectacle féerique, il reste figé et n’ose pas bouger. Pourtant, il aimerait tellement s’approcher de ces lutins, leur parler, les aider aussi. Il tente de faire un pas vers eux, mais il se sent happé par un épais brouillard et entend une voix familière :

    • Pedro, Pedro !

    Il ouvre lentement les yeux et aperçoit le visage de sa maman juste au-dessus de sa tête.

    • Je suis tombé du nuage ???
    • Quel nuage ? Tu es à l’hôpital, mon chéri...Tu as reçu un caillou sur la tête et tu es tombé sur le chemin. Comme tu as perdu connaissance, on t’a amené ici...Tu vas bien ?
    • Oh oui, tout va bien, on peut rentrer à la maison maintenant.

    Pedro se garde bien de raconter le merveilleux rêve qui l’a accompagné pendant que tout le monde s’inquiétait pour lui. C’était si beau !!

    Et, sur le chemin du retour, il ne peut s’empêcher de sourire en apercevant le village magnifiquement décoré. Sûr ! Ce sont bien les lutins qui sont à l’origine de toutes ces illuminations !

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  • Bonjour tout le monde,

    Le conte d'aujourd'hui est un peu plus long (peut-être même un peu plus tristounet) que les précédents, mais c'est tout de même un conte de Noël qui s'adresse à tous, petits et grands.

    Personnellement, j'ai bien aimé le relire. Eh oui, c'est comme ça...j'ai tendance à oublier ce que j'écris...dans un sens, c'est bien, parce que ça me permet de me transformer moi aussi en lecteur !

    Belle journée à toutes et tous

    Petite fille sauvage

    Petite fille sauvage

    Certains soirs après l’école, Mathias parcourt un long chemin à travers bois, et longe un ruisseau pour se rendre à son cours de musique. Il aime regarder la surface lisse sur laquelle les arbres se penchent pour admirer leur reflet. Lorsqu’il traverse le petit pont de bois qui l’enjambe, il sort le petit caillou qu’il a glissé dans sa poche et le lance au loin, juste pour brouiller cette image trop parfaite.

    Ce soir, il fait déjà presque nuit et le vent glacial de l’hiver lui gifle le visage. Machinalement, il remonte son col et allonge le pas. C’est à ce moment précis qu’il l’aperçoit pour la première fois. Elle aussi l’a vu. Elle détourne le regard et se sauve, aussi rapidement qu’une biche effrayée, dans la petite cabane à moitié cachée par un bosquet de peupliers.

    • Bizarre, pense-t-il, je pensais que cette petite bâtisse était abandonnée, elle est trop disloquée et minuscule pour que quelqu’un puisse y vivre.

    Il n’a fallu que quelques secondes, juste le temps d’entrevoir le visage apeuré de la fillette, pour que Mathias décide brutalement de « sécher » son cours et de la suivre. Elle a l’air si fragile et menue dans cette petite robe légère malgré ce froid poignant. Qui est-elle ? Comment est-elle arrivée là, dans cet endroit désert ?

    Malgré lui, il s’éloigne de la rive et se dirige sans bruit en direction de  la masure qu’il contourne. A quelques mètres, il lui semble entendre quelques mots suivis d’une toux rauque et d’une sorte de gémissement. Il s’approche plus près et jette un coup d’œil discret à travers une fente délaissée entre deux planches de bois disjointes. Il distingue nettement la tignasse désordonnée de la fillette, penchée au-dessus d’une sorte de  lit de camp où git une vieille femme. Elles semblent seules dans cet abri de fortune uniquement meublé de cartons et de vaisselle sommaire.

    Mathias sait qu’il ne doit pas les déranger, ni leur signifier qu’il les a surprises. Il aimerait juste pouvoir les aider un peu, sans savoir vraiment comment faire. Pour le moment, il s’éloigne de quelques pas, s’assoit à même le sol et dégage son violon de son étui. Il dépose la tête de l’instrument dans sa main gauche et fixe doucement la mentonnière entre son menton et son épaule. Avec une infinie délicatesse, il frotte alors les cordes avec son archet pour jouer son morceau favori. Il a été si troublé et ému par la scène qu’il vient de découvrir que la mélodie qui s’en échappe semble plus harmonieuse et aérienne que tout ce qui lui est arrivé de jouer jusqu’alors...Il replace ensuite son violon dans son étui, et comme il est venu, il reprend le chemin de sa maison. Il est loin d’imaginer que le morceau qu’il vient de jouer a profondément bouleversé la vieille femme. Son visage s’est brusquement illuminé et d’une voix douce, elle s’est exclamée :

    • Oh ! comme c’est beau ! cette musique  me fait tellement penser à ton grand père. Je me souviens de ce bal de fin d’année...c’était il y a si longtemps ! Quand je l’ai vu pour la première fois, l’orchestre jouait cet air-là. Ton grand père est venu vers moi pour m’inviter à danser. On ne s’était jamais quitté depuis...Pourquoi est-il parti sans moi ?

    Ce soir-là, en rentrant chez lui, Mathias n’a pas caché à sa maman qu’il n’était pas allé à son cours de musique. Il lui a raconté ce qu’il avait vu dans la vieille bâtisse abandonnée. Pour toute réponse, sa maman l’a pris tendrement dans ses bras. Le lendemain il n’avait pas classe, alors elle lui a tendu un panier rempli de nourriture pour qu’il le porte à la vieille femme et cette enfant.

    Sur le chemin, Mathias chantonne en balançant légèrement le panier. Il est si heureux d’aller porter le grand bol de soupe préparé par sa maman, ces gâteaux et ces beaux fruits qui redonneront sûrement le sourire à cette jolie petite fille sauvage.

    Cette fois, il frappe faiblement à la porte et n’attend pas qu’elle s’ouvre. Il repart très vite pour ne pas déranger. Il ne verra pas la porte s’ouvrir doucement quelques instants plus tard pour laisser passer une petite main toute égratignée par les ronces, habituée jusqu’alors à ramasser les baies sauvages. Il ne verra pas non le visage réjoui de la jeune fille qui regarde son aïeule manger avec un réel appétit. 

    Chaque jour, pendant près d’un mois, il apporte ainsi un panier rempli de victuailles, quelques vêtements ou des couvertures, toujours aussi discrètement....Au fond de lui, il aimerait bien parler avec cette enfant dont il ignore tout, sauf qu’elle est bien jolie avec ses grands yeux en amande et cette longue crinière blonde ondulée. Il sait aussi qu’elle se prénomme Mélanie parce qu’il a entendu sa grand- mère l’appeler hier, entre deux quintes de toux.  Il attend le bon moment...quand elle sera décidée. 

    Ce jour-là justement, tandis qu’il arrive les bras chargé d’une lourde couette, Mélanie l’attend devant la cabane. Elle est en larmes !

    • C’est ma grand-mère ... elle a beaucoup de fièvre et je ne sais plus quoi faire. Il lui faudrait des soins à l’hôpital, mais nous n’avons pas d’argent, dit-elle entre deux sanglots.

    Mathias n’hésite pas une seconde et appelle les secours avec son portable. En attendant l’ambulance, la fillette se confie. Elle raconte comment sa grand-mère et elle se sont retrouvées à la rue après la mort de son papy. Sans travail et sans argent, elles ne pouvaient plus payer le loyer. Un jour, une dame austère, vêtue d’un tailleur sombre et coiffé d’un horrible chignon est venue pour l’emmener... Mais elle refusait d’être séparée de sa mamy... Elle s’est débattue de toutes ses forces pour lui échapper lorsqu’elle a tenté de l’enlever de force. Elle ne se résignait pas à laisser seule sa grand-mère qui l’avait élevée. Depuis deux ans, elles se cachent dans les bois et dans les maisons inoccupées.

    • Ça y est, ils arrivent, s’exclame Mathias en voyant la voiture de ses parents suivie d’un long véhicule blanc surmonté d’un gyrophare.

    Le plus naturellement du monde, les parents de Mathias ont invité Mélanie à aller vivre chez eux.  Les deux enfants  se  rendent chaque jour à l’hôpital pour rendre visite à la vieille femme dont la santé ne s’améliore guère…

    Mais aujourd’hui, nous sommes en plein cœur de l’hiver et l’on peut voir les flocons tourbillonner derrière les vitres de la chambre. La vieille femme, prend la main de sa petite fille et lui parle tendrement :

    • Je sais que Mathias est pour toi comme un frère, et que ses parents prendront bien soin de toi. Ils m’ont confié qu’ils veulent t’adopter prochainement. Je peux partir tranquille. Tu seras très heureuse à présent.

    Puis, elle s’adresse à Mathias avec douceur :

    • Je tiens à te remercier pour tout ce que tu as fait pour nous deux. Aujourd’hui, il est temps pour moi de rejoindre mon cher époux...Mais avant, j’ai une dernière faveur à te demander...j’aimerais que tu rejoues pour moi cette jolie mélodie qui m’a tant bouleversée lorsque tu nous as aperçues la première fois dans cette petite cabane de bois.

    Mathias dégage tranquillement son violon de son étui, et se met à pincer les cordes avec une infinie douceur. Les notes qui s’en échappent sont si belles et si surprenantes qu’un voile transparent et vaporeux  semble envelopper la pièce entière. A travers ses larmes,  Mélanie distingue alors nettement la silhouette de son grand-père qui se détache pour se diriger vers le lit. Il s’approche de sa grand-mère  pour l’entrainer dans une dernière valse.

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